Lamonde, Yvan et Jonathan Livernois (2012). Papineau : Erreur sur la personne, Montréal, Boréal, 201 pages.
Texte rédigé pour L'Aut'journal disponible à cette adresse: http://lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=4511
Dans une allocution prononcée en
2001, le premier ministre Bernard Landry était, entre autres choses, redevable
aux Patriotes qui ont revendiqué l’obtention du gouvernement responsable.
Lorsque le gouvernement du Québec,
dirigé par le premier ministre Jean Charest, émettait un communiqué pour
souligner, lors de la Journée nationale des patriotes, l’apport des Patriotes à
l’obtention d’un gouvernement responsable, il y avait de quoi s’étonner.
On était en droit de croire que
l’obtention du gouvernement responsable pouvait faire consensus entre Québécois
de différentes allégeances politiques.
Toutefois, selon Yvan Lamonde et
Jonathan Livernois, cette lecture de l’histoire est fondée sur une méprise
fondamentale qu’ils démontrent dans le livre Papineau : erreur sur la personne qu’ils ont fait paraître en
septembre 2012 chez Boréal.
«Papineau n’évoque pas ni ne
réclame un gouvernement responsable de type britannique dans lequel le chef du
parti qui fait élire le plus de députés est invité par le souverain à diriger
le pays et à nommer les ministres de son cabinet», disent les auteurs.
Papineau cherchait plutôt une
réforme radicale du modèle de gouvernance du Bas-Canada en s’inspirant de
l’expérience républicaine américaine.
Lamonde et Livernois remontent le
cours de l’histoire pour confronter des auteurs qui se sont appropriés Papineau
afin de travestir son discours. Le travail de distorsion se serait amorcé avec
Lord Durham et aurait perduré avec Jacques Parizeau dans son essai La souveraineté du Québec.
Les auteurs tentent d’épargner
personne tant leur désir de réhabilitation est profond. En plus de Durham et
Parizeau, ils s’en prennent à Lionel Groulx, André Pratte, John Saul et Jocelyn
Létourneau qu’ils accusent d’avoir travesti la pensée politique de Papineau.
De plus, ils confrontent cette
pensée à celle d’anciens collaborateurs comme Wolfred Nelson qui ont siégé avec
lui au Parlement du Canada-Uni, parfois dans le contentement.
Chose certaine, Papineau le
républicain n’a jamais échappé à ses idéaux bien qu’il ait compris avec le
temps qu’il ne reverrait pas un autre momentum révolutionnaire de son vivant.
Cela ne l’a pas empêché de pousser jusqu’au bout sa réflexion.
Dans la conclusion du livre,
Lamonde et Livernois encouragent sans le dire les souverainistes à ne pas
travestir le passé pour servir des intérêts contextuels. Ils plaident pour une
réinscription de la pensée politique actuelle dans le giron républicain du
Patriote :
«Aujourd’hui, nous croyons qu’une
véritable conscience démocratique et historique devrait pouvoir, d’entrée de
jeu dédramatiser la défaite ou l’échec, dans la mesure où elle permet de voir
les événements et les hommes dans une dynamique de longue fidélité à des
principes républicains et démocratiques.»