jeudi 26 août 2010

Résumé de la Commission Bastarache


Un ancien libéral revient sur son passage en politique dans un gouvernement libéral, accusant au passage le Premier Ministre actuel et d'alors de trafic d'influence avec des collecteurs de fonds libéraux, tout cela dans une commission d'enquête conduite par un juge libéral, des procureurs libéraux et des avocats libéraux.

Les ramifications de cet ancien libéral remontant à une intervention politique dans des jugements criminels lors de l'opération Sharqc et au scandale des commandites. Faut-il s'en étonner? Faut-il s'arracher les cheveux de la tête? Ou faut-il comprendre que l'histoire ne fait que se répéter et que les loups se mangent entre eux quand ils n'ont rien d'autre à se mettre sous la dent?

(image : Jean Faucher)

lundi 23 août 2010

Sordide expérience de l'anodin


Je ne m'attendais vraiment à rien avant d'aller voir la pièce Nous sommes faits (comme des rats) de la troupe les Biches Pensives. L'expérience se révéla surprenante et amusante.

Nous sommes faits, comme dans «nous sommes des faits» c'est à dire des éléments d'expression sociale. Des faits divers toutefois inclassables dans les médias d'information. Le feuillet de présentation remis aux spectateurs évoque justement un tabloïd populaire. Le site de nouvelles de Quebecor media comporte justement les archives des faits divers des dernières années. On y retrouve par ailleurs les cinq nouvelles qui ont inspiré les auteurs (Justin Laramée, Gilles Poulin-Denis, Jean-Philippe Lehoux, Catherine Dorion, Rébéca Déraspe) impliqués dans la rédaction des cinq actes de la pièce. Une telle mise en situation ne pouvait qu'inspirer des histoires sordides et c'est bien l'angle par lequel les interprétations scéniques rendent ces faits divers. Tous ont en commun de présenter un univers naïf et autistique qui se consume lorsque survient l'incident qui les révèlent dans les manchettes. Les personnages mis en scènes sont des âmes sensibles confrontées à un monde complexe les isolant et les emportant même parfois dans cette folie apparente.

Tout d'abord, il y a cette femme nous racontant sa chute du troisième étage de son logement. Puis, il y a cet homme inspiré par son horoscope prometteur poursuivant les signes de sa chance aux Galeries d'Anjou. Ensuite, un homme largué par sa copine et surtout par les Canadien de Montréal vaincus en deuxième ronde des séries contre le Lightning de Tempa Bay en 2004 (douloureuse défaite racontée sur le même ton par Mathieu Simard dans son roman Ça sent la coupe) parcourant depuis Val-d'or un périple en camionnette vers le Centre Bell afin d'éveiller brutalement ses héros endormis dans leurs lauriers. L'histoire suivante concerne un homme trompé par un pourriel et condamné à rembourser la Banque Nationale avec laquelle il a transigé (c'est la seule nouvelle qui a connu un rebondissement. L'homme en question dirige une entreprise «off shore» qui aide des entreprises et des particuliers à faire des placements dans des paradis fiscaux. Il a toutefois eu gain de cause en cour et n'aura pas à rembourser la banque. Comme quoi l'économie néo-libérale continue à faire des heureux.) Enfin, une jeune femme de Saguenay se confie à un être disparu au cimetière avant de tenter de le libérer du sol.

Chacune des histoire est drôle et stimulante, mis à part peut-être la dernière qui détonne par son traitement introspectif. Le décor minimal faits de blocs blancs et d'un grand écran lumineux projettant la lumière blanche de la vérité se compose selon l'humeur du moment et encourage une mobilité de l'espace qui profite aux acteurs (Annie Darisse, Sébastien Leblanc, Dominique Leclerc, Hubert Lemire et Sébastien René) autrement prisonnier du vide de la scène. Saluons donc la chorégraphie originale de Caroline Laurin-Beaucage qui accompagne le monologue de chacun des personnages sans oublier le travail de mise en scène d'Alexia Bürger qui est parvenue malgré tout à assembler ces différentes histoires de manière équitable.

Nous sommes faits (comme des rats) est présenté au Café-Bar de la Cinémathèque québécoise les 19-20-24-25-26-27-31 août ainsi que les 1-2-3-7-8-9-10 septembre 2010.

(article rédigé pour Montrealexpress.ca disponible à l'adresse suivante : http://www.montrealexpress.ca/Culture/Collaborateurs-citoyens-dun-soir/2010-08-23/article-1692211/Sordide-experience-de-lanodin/1)