mardi 7 août 2012

Retour sur la vague orange

Voici un texte qui m'a profondément irrité ce matin: Vague orange pour l'indépendance. L'auteur prétend sans nuance que les indépendantistes ont voté de plein pied orange pour rompre avec la «vieille politique». Enfin, vous voyez un peu le portrait: il faut faire la politique «autrement». Visiblement, l'auteur de ce texte se soucie bien peu des détails et je me permets de l'accuser de tourner les coins ronds.
Lors de la campagne de 2011, le NPD a fait une campagne distincte au Québec. Sans équipe sur le terrain, il a misé sur des boîtes téléphoniques électroniques et une campagne centrée sur le chef Layton pour attirer le vote Québécois. Une campagne à l'américaine à la façon de la présidentielle d'Obama comme stratégie de campagne. Oui, stratégie de campagne faisant croire qu'un vote pour le poteau du coin, c'est un vote pour Layton.

Le vote orange, un vote progressiste? Oui, peut-être est-ce la cas pour un Canadien qui croit au système fédéral. Mais ce n'est certainement pas un vote respectueux des valeurs du Québec comme nation et garante de ses champs de compétence dans le pacte confédérationnel. Car voyez-vous, le programme du NPD que peu de gens se sont donnés la peine de lire faisait grand cas de transposer le génie québécois sur la scène fédérale. On parlait entre autres de miser sur l'éducation et notre système de garderies publiques. La politique au fédéral se fait presque toujours sur le dos des gouvernements provinciaux. Une bonne façon d'agir en sauveur et de se montrer utile. On promet de faire des choses que les provinces auraient pu faire par elles-mêmes au nom du «bien commun» et des «valeurs sociales». Ils appellent ça le progressisme, j'appelle ça du paternalisme.

Les compétences fédérales sont bien peu intéressantes en campagne électorale. L'armée, le code criminel, les institutions internationales... Ça fait longtemps que les partis de la scène fédérale pigent dans les compétences provinciales pour se faire du capital politique. Et le NPD s'inscrit dans cette façon de faire, peu importe son vœu de faire la «politique autrement». C'est pour ça que j'ai toujours trouvé le Bloc plus honnête politiquement, surtout depuis l'arrivée de Daniel Paillé. Nul besoin de dire qui j'ai toujours appuyé lors des élections fédérales.

Par ailleurs, laissez-moi rappeler à l'auteur que le quart des québécois ont voté Bloc lors du 2 mai 2011. Et parmi ceux qui ont voté orange, combien votaient habituellement libéral? Donc, un vote orange, un vote indépendantiste? Faut pas me prendre pour un con. Tourner les coins ronds, quel argument facile!

"Notre programme est un programme fédéraliste, et ils l'ont signé" - Jack Layton, 6 mai 2011, affirmant que tout ses voteurs vont défendre le Canada. http://tvanouvelles.ca/video/934392761001/jack-layton-defend-ruth-ellen-brosseau/








Mise à jour 8 août 2012:

Je pourrais analyser longtemps cette vague orange. Ses raisons sont multiples mais elles se résument à un alignement des astres providentiel pour ce parti politique qui laissait, auparavant, tout le monde indifférent. À l'élection de 2008, l'enjeu était de bloquer la majorité d'Harper, chose qu'a fait le Québec en appuyant suffisamment le Bloc Québécois. En 2011, l'enjeu était le même. Mais il est apparu en trame de fond cette bonne vieille fatigue culturelle Québécoise qui fait date. Celle-ci a fait en sorte d'accuser la formation majoritaire au Québec de maintenir le climat de résistance qui sévissait depuis 2006, année où les Conservateurs ont pris le pouvoir avec un gouvernement minoritaire.

Le 2 mai 2011, il s'est passé que des électeurs avides de la «politique autrement» (peu importe ce que ça veut dire) ont voulu renverser le parti majoritaire au Québec, le Bloc. On pourrait même ajouter qu'ils ont été inspiré par un curieux sondage paru dans le premier tiers de la campagne qui a semé le doute sur cette campagne qui s'annonçait sans histoire. Puis, tout le monde s'est mis à reprendre le discours des partis fédéralistes à l'effet que le «Bloc ne prendrait jamais le pouvoir» et que, par conséquent, il n'apportait rien de concret à notre quotidien. C'était évidemment faire peu de cas du travail qu'ont fait les députés sur le terrain et au parlement. C'était faire fi de leurs enquêtes, de leurs revendications et ce que fondamentalement il représentait pour le Reste du Canada: un caillou dans la chaussure (analogie inversée inspirée de Jean-Martin Aussant).

Finalement, devrais-je blâmer les électeurs pour leur choix électoral? Personnellement, comme tout le monde, je porte si peu d'attention à la scène fédérale que je n'en fais pas grand cas. Cependant, quand je vois la feuille d'érable orange sur le local de mon député, la blessure en est une d'orgueil.