dimanche 6 mai 2012

Tout ça pour ça?

Ce matin à la Première Chaîne (SRC), la ministre Courchesne qui participait à la table de négociation avec les chefs syndicaux et associations étudiantes a avoué candidement que la nouvelle offre gouvernementale se limitait à un retrait de la facture étudiante de 127$. Oui, seulement 127$ et à condition qu'un comité spécial (non-paritaire) parvienne à trouver une économie d'échelle dans la structure administrative des institutions d'enseignement. La hausse de 1625$ sur 5 ans (ou 1778$ sur 7 ans), elle, reste en piste.

Puis, la ministre a ajouté qu'il y avait désir d'une solution gagnant-gagnant entre étudiants et gouvernement. Gagnant comment? Les étudiants réclamaient le maintient (relatif) de l'accessibilité aux études tandis que le gouvernement réclamait l'application du principe idéologique de la «juste part». Bref, l'offre serait-elle équitable? À mon sens, il aurait été honnête intellectuellement de soumettre un moratoire de 6 mois sur cette décision gouvernementale et de soumettre aux électeurs le choix de l'avenir intellectuel du Québec. Cela suppose de déclencher des élections imminentes.

Bon, il y a des points négatifs à cette alternative. Bien entendu, une campagne électorale peut aller dans tous les sens. Il s'agit, après tout, d'un festival médiatique d'un mois. Il ne faut surtout pas oublier l'usure du pouvoir, les mesures régressives, l'attaque directe à la Charte de la langue française (loi 103), le Plan Nord, les gaz de schiste, le scandale des garderies, l'accord de libre-échange Canada-Union Européenne, la «réforme culturelle» de Bachand, la complicité fédéraste et, bien sûr, la corruption institutionnalisée. Si la voie électorale devait être prise, il faudra que les étudiants s'arment doublement pour faire sortir le vote, quel qu'il soit, car le Parti Libéral qui carbure électoralement au cynisme politique qui engendre l'abstention des électeurs ne survivrait certainement pas. Doublement car il leur faudra voter, d'une part, et d'autre part croire qu'un autre Québec est possible. Il est presque difficile de croire, après 9 ans de gouvernement libéral, que cela n'est pas qu'une lubie.

D'ici là, il n'y a pas de quoi en faire un plat. 12 semaines de grève pour peut-être 125$ de réduction sur la facture étudiante? Vous voulez rire?