mercredi 6 janvier 2010

Slam Jam Collectif

C'est mercredi, le 16 décembre dernier que se déroulait la deuxième édition du rassemblement multidisciplinaire intitulé Slam Jam Collectif à L'Escalier. Par un tel noroît, il valait mieux prendre foule plutôt que prendre grippe dans l'ambiance animée de ce café populaire du Quartier Latin.
D'emblée, je dois confier n'avoir pas mis les pieds dans ses lieux depuis des années. La dernière fois, l'endroit s'appelait le Café Ludique et on pouvait encore y griller des cigarettes. De beaux souvernirs, certes, mais qui se sont amalgamés au décor et à l'ambiance intemporelle des lieux. Je ne peux que souhaiter à cette institution bohème autant de popularité que le Tops de Tony Accurso, mais sans compromis.

Le slam, exercice poétique habituellement présenté sous forme de joute oratoire, est une appropriation incertaine des duels de rap, du spoken word et des poètes de la beat generation. Mais au Slam Jam Collectif, l'exercice se fait sans se gêner des mêmes règles que le SlaMontréal initié par Ivy, père de l'événement et fondateur de la Ligue Québecoise de Slam. Ici, le Slam se fait a cappela ou avec accompagnement musical, parfois en lecture de texte ou en production spontanée. Ce sont tous les acteurs de la scène littéraire habitant hors des murs de l'institution littéraire qui ont intérêt à se retrouver au Slam Jam Collectif, et ils sont les invités à le faire. Car rien n'empêche de vouloir prendre la scène pour clamer un poème. Il faut avoir tenté l'expérience pour comprendre qu'aucun théoricien socio-constructiviste ne pourra vous convaincre d'un meilleur modèle pédagogique pour donner le goût des mots dans toutes leurs interprétations sonores et linguistiques.

Pour l'occasion, DJ Charles Proulx a installé l'ambiance musicale et accompagna même certains slams. Le slammeur XavIer se chargea de présenter chaque participant, il portait en cette période de grande rencontre internationale à Coppenhague au Danemark un chandail de Greenpeace et s'est même permis un slam sur son engagement pour le végé. Il y eut aussi La Clocharde qui présenta une poésie accompagnée de la joueuse de vielle, Famke. J'ai aussi remarqué la présence de Myriam St-Denis qui s'est prêtée à une lecture de textes et nous nous sommes unanimement accrochés au slam de Grand Slaque sur les «jobs de marde».

Puis, en deuxième partie, le Slam Jam Collectif s'est déroulé à micro ouvert. Des lecteurs étaient venus pour l'occasion tenter l'expérience du micro qui, au risque de me répéter, est une véritable thérapie. Comme nous le fit remarquer un amateur, il fallait saluer l'ouverture à l'expression. On slammait sur la liberté de parole, sur le monde érigé en système, sur les humeurs de l'instant et parfois aussi, un confessionnal métaphorique. Je note au passage la poésie de Saïd la finesse de son expression. Beaucoup d'autres méritent d'être cités mais comme on se marche un peu sur les pieds à L'escalier, le nombre d'auditeur augmentant avec l'heure, on comprend un peu moins bien tout ce qui s'y dit. Et en quelque sorte, on s'en fout. À côté de moi, un bonhomme racontait une histoire en anglais à un employé ressemblant à celle de Benjamin Button. Pourquoi pas? On est là pour rigoler. Lorsque j'ai quitté l'endroit, un joueur de tam-tam s'en donnait à cœur joie : tout y était

(texte paru sur MontréalExpress.ca : http://montrealexpress.ca/article-413714-Slam-Jam-Collectif.html)