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Moi et l’autre
Texte : Talia Hallmona et Pascal Brullemans
Mise en scène : Michel-Maxime Legault
Mise en scène : Michel-Maxime Legault
Avec : Talia Hallmona et
Marie-Ève Trudel
Éclairage : David-Alexandre Chabot
Composition musicale : Laurier Rajotte
Décors et costumes : Elen Ewing
Direction technique : François Martel et Simon Cloutier
Régie et assistance à la mise en scène : Mariflore Véronneau
Une production Théâtre Fêlé
Éclairage : David-Alexandre Chabot
Composition musicale : Laurier Rajotte
Décors et costumes : Elen Ewing
Direction technique : François Martel et Simon Cloutier
Régie et assistance à la mise en scène : Mariflore Véronneau
Une production Théâtre Fêlé
Présenté jusqu’au 8 novembre 2014
aux Écuries
Ce qui commence
Qu’on
enseigne Gaston Miron au Cégep peut sembler naturel dans le programme d’Arts et
lettres, mais ce n’est malheureusement pas la norme. Même de telles icônes de
la condition québécoise tendent, avec le temps, à s’effacer de la mémoire. Il
faut féliciter Gilles Bélanger pour avoir mis le pied dans cette flaque d’eau
stagnante avec le projet des 12 hommes
rapaillés.
![]() |
photo de Louis-Paul Legault |
Bien
entendu, il ne suffit pas de marteler le nom de Miron pour que sa mémoire
transcende les générations. Il suffit d’emprunts ludiques pour changer la
donne. En 2012, le poème «La route que nous suivons» inspira aux manifestants
du Printemps érable le slogan «Nous sommes des bêtes féroces de l’espoir».
Quant à
lui, le poème «Liminaire» qui ouvre L’homme
rapaillé a inspiré une poignée de citoyens qui a tenu, dès mars 2011, une
vigile hebdomadaire au Champ-de-Mars intitulée «Nous sommes arrivés à ce qui
commence» qui a culminé avec le spectacle Nous?
en avril 2012. Ce même slogan a également été vu sur les affiches et sur les
lèvres des étudiants du Printemps érable.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUdBSv9y_fH9NWFP57jM72jsjMwtm9OzKGo2CFQ2DsQBSO7gQtBRe7-vmjbQd2xIM1F-6v1DRHbrZBo-1F6ib1Qw8zzf0KJja_ApP8mKSbPSUeJWw_otWq34J2cE_ly9amJ_uj_AG4Bd4/s1600/Louis-Paul+Legault+1.jpg)
Pour le co-auteur de la pièce Moi et l’autre Pascal Brullemans ce poème,
et surtout ce dernier vers,
est en phase avec le thème de sa pièce :
l’intégration des immigrants. Ce qui commence, selon lui, c’est l’aventure des
ces nombreux jeunes immigrants qui emplissent, parfois majoritairement, les
salles de classe des écoles primaires et secondaires.
Talia Hallmona a sollicité l’aide
de Pascal Brullemans pour écrire le récit de sa propre expérience d’intégration
dans lequel quelques libertés ont été prises pour le besoin de la narration, ce
qui veut dire qu’il n’est pas entièrement authentique. Le résultat est
cependant riche et dynamique.
La scène est partagée avec
Marie-Ève Trudel qui interprète Julie, une figure de son peuple d’accueil que
Talia Hallmona perçoit au départ comme un idéal à atteindre dans sa quête
d’identité. Cette idéalisation de Julie la décevra jusqu’à un certain point, ce
qui l’acculera dans la tentation de repli identitaire.
Talia Hallmona est égyptienne de
par son père et italo-grecque de par sa mère. La chose n’est pas simple à
expliquer, surtout pour elle-même. Cependant la poésie de Miron agira comme une
assise, comme une solution au mystère de son identité propre. Miron, pour elle,
est le poète de l’identité.
Les récits sur l’intégration comme
celui-là ne sont pas nouveaux, mais il est intéressant de voir qu’un objet
culturel comme l’œuvre de Miron puisse donner les outils nécessaires pour
réaliser cette quête d’identité.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnJ5ccELdST3yf3FodIFkGu_PBgNsxTHrOCALjUgcuCG-my6TTjNgmQWV3kcqHQYW8QvaDSckKXKnjxEuNalWKI-kga0L7Immw4_JGUOlJ2QDsglOswepTGnDZQzJPnGbmNDaV-w3Ol4A/s1600/Louis-Paul+Legault+3.jpg)
regardé tous nos «maudits téléromans». Or, consommer des objets culturels
québécois ne fait pas soi un bon Québécois.
Depuis que les Conservateurs à
Ottawa sabrent dans les budgets consacrés à l’aide aux artistes, ceux-ci
plaident pour le soutien aux artistes en consommant de la culture comme on doit
se gaver d’oméga-3.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRYZxznxsWaRhQJ5YB-eNLJjkcfbfyXpXgjKh8a15df4r7ubnLOUsaK2iVsy1u3J361rhx8AsgkcQNDpKWiY3FJD1asKbROLL4aoMt4XD4qZ0ecda6vzken_3YGZs1z0vD2k8BqILTmEQ/s1600/Louis-Paul+Legault+4.jpg)
Le matériau de Miron, ce sont des
mots extirpés dans le patrimoine québécois, dans une perspective de
décolonisation. Lorsqu’il a écrit qu’«il y a longtemps [qu’il ne s’était] pas
revu», il parle de sa propre désaliénation. Miron parle d’identité, certes,
mais d’identité nationale surtout affligée par son complexe de colonisé, un
concept qu’on aurait tort de qualifier de vieillot.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEie5BJeyoHZm0zRNkRhKpBU5WfC9hPVVICZzXRL2ixV0sPegXp1Z7iZufnVnS-k9ucxVSmnJuv7NojPrzaGuN6KtLaHcaSeVDEnRGM0ESznvRSHbb_yzBE1TJbuavKcYGhwX67L1dulCxs/s1600/Louis-Paul+Legault+5.jpg)