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Oh lord
Texte et mise en scène : Sonia Cordeau, Simon Lacroix et Raphaëlle
Lalande
Avec Sonia Cordeau, Simon Lacroix, Raphaëlle Lalande et Yves Morin
Assistance à la mise en scène : Camille Gascon
Décor, costumes et accessoires : Elen Ewing
Éclairages : Jérémie Boucher
Assistance musicale : Yves Morin
Direction technique : Maxime Bouchard
Une production du Projet Bocal
Présenté au théâtre La Licorne jusqu’au 28 novembre 2014, en
supplémentaire les 2 et 3 décembre 2014
Un objet de fascination dans la lorgnette de l’absurde
S’il y
a une chose que Stephen Harper a oublié de mentionner dans son homélie sur la
guerre de 1812, c’est que cette guerre de frontière n’aura pas arrêté
l’engouement pour cet art de vivre qui s’est dessiné autour de la musique
country.
Au
Québec, dans le reste du Canada et aux États-Unis, la popularité de ce
phénomène dépasse les frontières du temps et des modes. Elle demeure aussi
constante qu’une plaine peut être plate. Ici, le country a longtemps été une
affaire des milieux ruraux avant que les médias ne le redécouvrent vers la fin
des années 90 et en fasse un objet culturel à intellectualiser.
Voilà
justement que trois complices de théâtre, Sonia Cordeau, Simon Lacroix et
Raphaëlle Lalande présentent à La Licorne un exercice ludique d’exploration de
cet univers, mais également celui du folklore et de la tradition orale, le tout
avec ludisme.
La
pièce est composée de scénettes ayant parfois un lien entre elles. La musique y
est très présente, voire prédominante grâce à la collaboration d’Yves Morin. Les
autres comédiens s’y mettent aussi, mettant à contribution banjo, guitare et
ukulélé. Ne manque que l’harmonica.
Un
rappel se doit d’être fait à propos du folk pour ceux qui l’ignorent
peut-être : cela n’a rien à voir avec notre musique folklorique. Ses
racines sont anglo-saxonnes, ses pionniers comptent parmi leur nombre Bob
Dylan, Leonard Cohen et Woodie Guthrie. On est loin de la Soirée canadienne.
Lorsque, au cours de la pièce Oh lord, Dolly Parton se manifeste pour
consoler une serveuse de bar en peine comme on l’a vu faire dans ces films pour
enfant dans lesquels elle a participé, il va de soi que l’inverse n’aurait pas
été possible. Imaginons un peu qu’on produise un disque hommage à Willie
Lamothe made in USA. La chose n’est
tout simplement pas envisageable. L’apport à cette culture est-elle à sens
unique?
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxKUFMBA7B5TISPcvAx6rLuutsIsdcBNu6AsDw-fpUGdGwlTZwMM0LUdisVQdSUQvsdmXwO0HX5G0DFcPcAAEc90vXIjRwlWvokvY4mcHoxdJGZLuqZLUi9XiHU4Kk9VXXwvabxkY3ugU/s320/OhLord3.jpg)
Il serait toutefois malsain de
les considérer comme un cheval de Troie de l’américanisation du
Québec. Les
artistes ne font parfois que tendre un miroir et combler ainsi un besoin
latent.
Dans le
même ordre d’idée, la pièce aborde également le traitement de notre propre
folklore. La nature des clichés que les Français partagent à cet égard
paraissent aussi élémentaires que ce que nous concevons nous-mêmes dans un
ordre général.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikwxgMZvZE6PnTmcd4pkpH1wYbm5fyqzJaFcMBm1OTt6AiljB3LQOzeIN-BNP29aqkiACnefhVASJOLP0GUu8Iz0Xttx9Bt0Pjv_ka3UJnJJGmQtOP-ozSn_a_AS2-4wHB05e0FbExhgw/s320/OhLord4.jpg)
Que
penser de la reconstitution du soulèvement des Patriotes sous la forme d’une
bataille épique qui oppose le général Gore et le docteur Nelson? L’absurde va
jusqu’à prononcer la victoire des troupes de Papineau et dans laquelle la loi
101 marque le sceau de cette victoire.
Concluons
que la troupe du Projet Bocal est parvenue à traiter de notre rapport complexe
avec notre américanité sans manquer un seul instant d’humour. Effectivement, il
vaut mieux en rire.